Description du projet
LE GRAND CAHIER
Création en janvier 2009
Dans un pays en proie à la guerre, une mère se voit obligée de confier ses jumeaux à leur grand-mère, femme avare et froide, surnommée la sorcière dans le village. Abandonnés à eux-mêmes, ces enfants singuliers s’éduquent seuls et se prêtent à des exercices d’endurcissement du corps et de l’esprit à la limite du supportable. Ils décrivent leurs journées dans les pages d’un grand cahier en utilisant toujours le pronom « nous » ainsi qu’un style dénué de toute subjectivité émotive.
Souvenirs de la production
L’adaptation théâtrale du célèbre roman d’Agota Kristof a marqué d’une pierre blanche mes débuts comme metteuse en scène. En collaboration étroite avec les acteurs Renaud Lacelle-Bourdon et Olivier Morin, la production a été créée à la salle intime du Théâtre Prospero repris pour trois séries de représentations au Théâtre de Quat’Sous et dans diverses salles lors de tournées québécoises et canadiennes importantes. J’y ai trouvé une matière forte, aux personnages plus grands que nature, une forme et une fable qui ne laissent personne indifférent. J’ai adapté le texte pour deux acteurs qui se partageaient tous les personnages. Ils suivaient le principe qu’ils incarnaient les jumeaux Claus et Lucas et que les spectateurs assistaient à leur propre mise en scène. Pour l’incarnation des jumeaux, il y avait deux voix: lorsque les jumeaux s’adressaient aux spectateurs, nous avions accès à une voix dynamique, efficace, qui reflétait bien leur instinct de survie. Je l’appelais la voix intérieure ou de narration. Lorsque les jumeaux jouaient une situation, les spectateurs entendaient la voix monocorde, froide, désensibilisée et lente, celle que les autres personnages entendaient, je l’appelais la voix extérieure ou en situation de jeu. Quant aux autres personnages, les acteurs devaient les jouer selon la perception qu’en avaient les jumeaux et les caricaturer en trouvant un geste caractéristique comme le font les enfants. Avec rigueur et sérieux. J’ai également demandé aux concepteurs Francis Rossignol et Alexandre Pilon-Guay de se mettre dans la peau des jumeaux pour élaborer le son et les lumières.