Description du projet

L’IDIOT

Création en mars 2018

Après avoir passé sa jeunesse en Suisse pour soigner son épilepsie, le prince Mychkine revient en Russie sans argent, sans relations, n’ayant pour lui que son titre et sa bonté confinant au surnaturel, que les gens confondent avec une sorte d’idiotie. Il s’éprend d’une femme admirée mais tourmentée, Nastassia Filippovna, qui, se considérant indigne de la beauté de l’âme du prince, s’enfuit avec le brutal Rogojine. Bien des années plus tard, le prince, même s’il est désormais amoureux de la pure Aglaïa, voudra de nouveau sauver Nastassia, mais Rogojine, son double sombre, est toujours là, aussi imprévisible, aussi passionné, aussi dangereux.


Mot de l’auteur

Dostoïevski explore des mystères : le mystère de l’humiliation, celui de l’espoir, celui du pardon. Il ne cherche pas à les expliquer, mais plutôt à nous faire vivre leur force le plus insupportablement possible. Pour y arriver, il invente un bestiaire phénoménal de personnages. Tous se démènent au milieu d’eux-mêmes, presque de manière caricaturale, aveugles aux enjeux supérieurs qui les entraînent sans cesse devant la même question : l’ombre ou la lumière?

Et que dire du prince Mychkine qui débarque au milieu de tout ça. Pourquoi est-il idiot, pour commencer? Parce qu’il pense aux autres avant lui-même? Mais est-ce que tous les personnages de cette histoire n’en sont pas capables ? Peut-être simplement est-il celui pour qui la lumière est une évidence. Il ne la cherche pas, il l’incarne sans effort. Bien qu’il ressemble au Christ, il en est également radicalement différent. Il n’a rien à prêcher, aucun combat à mener, et surtout, il n’apporte aucune rédemption. Mychkine est le spectateur impuissant du combat que mènent les autres avec eux-mêmes. Il est là, transit. Il espère jusqu’à s’en rendre malade. Au fond, c’est peut-être en cela qu’il est un idiot. Se refusant toute forme d’intervention dans la destinée des autres, non seulement sa souffrance leur est inutile, pire encore, elle les humilie, car, face à une telle bonté, comment ne pas ressentir encore plus cruellement ses propres vices?

Deux années entières passées avec Dostoïevski m’ont donné de grandes leçons d’écriture, mais également d’humilité. Moi qui voulais d’abord utiliser son roman pour dire ce que j’avais à dire, je baisse la tête aujourd’hui en espérant être parvenu à ne pas trop réduire sa profondeur inouïe. Je dois également remercier Catherine Vidal dont le regard croisé avec le mien est parvenu à donner une troisième dimension à ce texte que j’aurais pu simplement massacrer.

C’est donc avec une joie presque terrorisée que je vous souhaite la bienvenue à ce spectacle, avec l’espoir que vous y trouverez un peu la lumière aveuglante du chef-d’oeuvre de Dostoïevski.

Étienne Lepage

Mot du programme

Imaginez le roman de L’Idiot comme une grande forêt.
Une forêt noire, cruelle mais aussi ardente et lumineuse.

Imaginez mon comparse Étienne Lepage et moi, entrant dans cette  forêt, pillant ses trésors sans vergogne, nous disant que de toute façon Dostoïevski est inébranlable et que notre adaptation ne portera même pas ombrage à la petite orteil de son pied gauche. Ne nous gênons pas non plus d’une dévotion qui finirait par trahir son oeuvre. Transplanter le roman tel quel sur scène égalerait ne pas respecter la littérature ni respecter le théâtre.

Dostoïevski lui-même conseillait à tous ceux qui s’attaquaient à l’adaptation de ses romans:
« Une scène de théâtre n’est pas un livre. Je crois même qu’il existe des ordres de pensées poétiques correspondant aux différentes formes d’art, de sorte qu’elles ne peuvent jamais être exprimées sous une autre forme, inadaptée pour elles. Il en est tout autrement si vous reconstruisez et transformez le roman, en n’en conservant qu’un épisode ou si, reprenant l’idée première, vous changez complètement le sujet. »

La plus belle permission outre-tombe et post-mortem que puisse nous donner un auteur…

Oui mais voilà.
Il ne faut pas perdre l’essentiel en chemin.
L’essentiel qu’il faut patiemment débusquer dans tous les replis de l’intrigue relativement simple du roman. Car les questions qu’elle porte en son sein sont infiniment belles et complexes.
Vertigineuses parce que terriblement insolubles, grandioses parce que terriblement humaines.
C’est là que repose tout le génie de Dostoïevski…

Nous sommes, au moment même où j’écris ces lignes, en répétition et je vois se créer devant moi cette faune terrible et magnifique. Tout ça grâce au talent émouvant des acteurs et des concepteurs. Et, le soir de première, je serai dans l’espoir que le coeur de ce spectacle, créé par nous tous, se mette à battre.

Merci à Renaud pour tout mais spécifiquement pour m’avoir fait connaître ce roman sublime.
Merci à Étienne d’avoir accepté courageusement et avec talent ce défi titanesque.
Merci à Lorraine Pintal de nous avoir fait passionnément confiance ainsi que toute son équipe chaleureuse et dévouée.

Bonne soirée !

Catherine Vidal
Photos : Yves Renaud

Crédits principaux

Production
Théâtre du Nouveau Monde

Texte
Étienne Lepage d’après Dostoïevski

Mise en scène et conseillère artistique à l’écriture
Catherine Vidal

Décor
Geneviève Lizotte

Costumes
Elen Ewing

Lumières
Alexandre Pilon-Guay

Son
Francis Rossignol

Maquillages/coiffure
Angelo Barsetti

Accessoires
Joëlle Arbec

Réalisation des masques
Cédric Lord

Conseil en mouvement
Mélanie Demers

Assistance à la mise en scène et régie
Alexandra Sutto

Stagiaire à la mise en scène
Solène Paré

Interprétation
Paul Ahmarani, Denis Bernard, Frédéric Blanchette, Evelyne Brochu, Francis Ducharme, Renaud Lacelle-Bourdon, Simon Lacroix, Dominique Leclerc, Macha Limonchik, Paul Savoie, David Strasbourg et Rebecca Vachon

Date et lieux de présentation

20 mars au 14 avril 2018
Théâtre du Nouveau Monde, Montréal